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— Il se nomme Gordianus, nous a-t-il affirmé. À ce qu’il prétend, il est citoyen romain. Il appelle le général par son prénom, comme s’il le connaissait. Il ne consent à en dire davantage qu’à Trébonius en personne. Qu’en penses-tu, mon commandant ?

Le soldat m’avait remis à son centurion, le centurion m’avait remis à son commandant de cohorte ; le commandant de cohorte s’entretenait maintenant avec l’officier qui était son supérieur immédiat.

C’était l’heure du souper dans le camp. De l’endroit où je me trouvais, à l’intérieur de la tente de l’officier, j’entrevoyais une file de soldats qui faisaient la queue, une gamelle à la main. Ils avançaient lentement, en traînant les pieds. Une torche fichée sur un piquet à l’intersection la plus proche de deux rangées de tentes éclairait le visage las et souriant d’hommes heureux d’être arrivés à la fin de la journée. Pourtant certains dormaient littéralement debout. Beaucoup étaient crottés, d’autres semblaient s’être roulés dans la boue. Rien de surprenant, car, durant un siège, un soldat passe son temps à creuser des tranchées, des latrines, des tunnels sous les murs de l’ennemi.

Très loin retentissait le bruit sourd d’une cuillère en bois heurtant les gamelles en métal. Les relents d’une sorte de ragoût montaient jusqu’à moi. Du porc ? Davus et moi n’avions mangé qu’un malheureux quignon de pain depuis que nous avions quitté l’auberge ce matin-là. Tout près de moi, l’estomac de Davus gargouillait.

Assis sur un siège pliant, l’officier nous observa d’un air bourru. Nous l’empêchions d’aller souper avec ses collègues.

— Vraiment, commandant de cohorte, est-ce que cela n’aurait pas pu attendre jusqu’à demain matin ?

— Mais, mon commandant, que vais-je faire d’eux pendant ce temps-là ? Les traiter comme des invités d’honneur ? Ou comme des prisonniers ? Ou les relâcher et les chasser hors du camp ? C’est vrai, le plus âgé a l’air assez inoffensif, mais le grand qu’il appelle son gendre…

— Il faut que tu sois aussi bête que tu en as l’air, bien que cela ne semble guère possible, pour juger les rôdeurs et les intrus à leur mine. Si tu te fies à ta jugeote, tu risques de donner l’occasion à un espion massiliote de te planter un couteau dans le dos.

— Je ne suis pas un espion massiliote ! m’exclamai-je.

Mon estomac gargouilla comme pour souligner cette affirmation.

— Bien sûr que non, repartit sèchement l’officier. Mais pourquoi rôdais-tu dans le temple d’Artémis ?

— Nous nous rendions à Massilia. Nous nous sommes perdus.

— Pourquoi avez-vous quitté la route ?

— L’aubergiste nous a dit que des brigands faisaient la loi sur ce tronçon de route. Nous avons essayé de prendre un raccourci.

— Pourquoi vous rendiez-vous à Massilia ? Y avez-vous de la famille ou des relations d’affaires ? Ou bien cherchez-vous quelqu’un qui se trouve dans le camp ?

Je baissai la tête.

Le commandant de cohorte leva les bras.

— Sur ce point, il est muet comme une carpe. C’est évident, il cache quelque chose.

— Attends un instant. Gordianus…, reprit l’officier en redressant la tête. J’ai déjà entendu ce nom-là. Commandant de cohorte, tu peux disposer.

— Que veux-tu dire ?

— Va-t’en. Tout de suite, avant que les cuisiniers n’enlèvent tous les bons morceaux de cette lavasse qu’ils nous distribuent ce soir.

Le commandant de cohorte salua et partit en me jetant un dernier regard méfiant.

L’officier se leva de son siège.

— Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous deux, mais moi, je meurs de faim. Suivez-moi.

— Où allons-nous ? demandai-je.

— Tu as dit que tu voulais parler à César en personne, n’est-ce pas ? Et à défaut, à l’officier responsable du siège ? Viens donc. Caius Trébonius ne manque jamais un souper dans sa tente.

Il battit des mains puis les frotta l’une contre l’autre.

— Si j’ai de la chance, il m’invitera à me joindre à lui.

L’officier n’eut pas de chance. À peine eut-il mentionné qui j’étais et exposé les circonstances de notre rencontre que Trébonius, occupé à dévorer un jarret de porc, le congédia sans ambages. L’officier attarda son regard, non pas sur moi, mais sur la viande.

Comme Marc Antoine, Trébonius appartenait à cette jeune génération qui, très tôt, avait emboîté le pas à César et était maintenant bien décidée à le suivre pour le meilleur ou pour le pire. En politique, Trébonius avait pris fait et cause pour le général quand il était tribun, et il avait contribué à renforcer son autorité au-delà des limites tolérées par la Constitution. Dans le domaine militaire, il avait servi en Gaule comme lieutenant de César et l’avait aidé à écraser les indigènes. Depuis le début de la guerre civile, il avait une fois de plus lié sa destinée à celle du général. A en juger par son appétit, il n’était pas accablé de regrets ; il rongeait jusqu’à l’os le jarret de porc qu’il tenait d’une main ferme.

Je le reconnus vaguement, car je l’avais aperçu les rares fois où j’avais rendu visite à mon fils dans le camp de César. Un jour, à Ravenna, Méto m’avait confié que Trébonius réunissait dans un recueil les mots d’esprit de Cicéron et les répétait à ses amis. Trébonius avait le sens de l’humour – du moins il appréciait l’ironie.

Il m’observa avec curiosité. Il n’y avait aucune raison pour que mon visage lui fut familier, mais il connaissait mon nom.

— Tu es le père de Méto, dit-il en enlevant un fragment de viande coincé entre ses dents.

— Oui.

— Tu ne lui ressembles pas, mais Méto est ton fils adoptif, n’est-ce pas ?

Je fis signe que oui.

— Et celui-ci ?

— C’est mon gendre.

— Quel grand gaillard !

— Je me sens plus en sécurité quand je voyage avec lui.

— Dis-lui de sortir de la tente.

J’acquiesçai.

— Mais, beau-père…, intervint Davus, l’air renfrogné.

— Peut-être ces hommes pourraient-ils emmener Davus dîner avec les officiers, suggérai-je, en faisant allusion aux soldats qui, assis ou debout dans la tente, dînaient. Ainsi nous n’entendrons pas d’estomac gargouiller.

— Bonne idée ! s’exclama Trébonius. Tout le monde dehors !

Personne ne discuta l’ordre. Quelques instants plus tard, Trébonius et moi étions seuls.

— J’avais espéré que César serait encore ici, expliquai-je.

Trébonius secoua la tête.

— Il est parti il y a des mois. Il a mieux à faire que d’attendre assis ici et d’affamer une poignée de Grecs. N’as-tu pas appris la nouvelle à Rome ?

— Il ne faut pas toujours croire les potins que l’on entend dans le forum.

— Au commencement, César était présent, c’est vrai. Il a demandé courtoisement aux Massiliotes d’ouvrir leurs portes. Ceux-ci ont bafouillé une vague réponse. César a répété sa requête. Ils ont refusé tout net. Alors César a préparé le siège, discutant avec les officiers du génie de la meilleure stratégie pour venir à bout des murailles, surveillant la construction des navires, donnant des instructions aux officiers, haranguant les simples soldats. Puis il s’est hâté de poursuivre son chemin. Des affaires urgentes à régler en Espagne, précisa Trébonius avec un sourire sinistre. Mais dès qu’il aura mis en pièces les légions de Pompée là-bas, il reviendra, et j’aurai le privilège de lui offrir Massilia sur un plateau d’argent.

— À Rome, j’ai entendu dire que les Massiliotes voulaient simplement rester neutres.

— Mensonges ! Lorsque Pompée est parti en bateau pour gagner la Grèce, son complice, Lucius Domitius Ahénobarbus, est venu ici. Domitius est arrivé ici avant César. Il a convaincu les Massiliotes de prendre parti pour Pompée et de fermer leurs portes à son rival. Ils ont été assez sots pour l’écouter.

— L’été est presque terminé, dis-je, l’air étonné. Les portes de Massilia sont toujours closes, et les murailles, je présume, toujours debout.

— Pas pour bien longtemps, repartit Trébonius en grinçant des dents. Mais tu n’as pas fait tout ce voyage pour te renseigner sur les opérations militaires. Tu aimerais voir César, n’est-ce pas ? Comme nous tous. Tu devras te contenter de moi. Que veux-tu, Gordianus ?

— Mon fils, Méto.

— Ton fils a trahi César, dit-il, le visage contracté. Il a comploté de le tuer avant même que César ne franchît le Rubicon avec ses troupes. On l’a su quand Pompée s’est enfui d’Italie et que César a pris Rome. Nous n’avons pas revu Méto depuis. S’il est venu à Massilia, il y est venu seul. S’il est à l’intérieur de la ville, tu ne pourras pas le rejoindre avant que les murailles ne soient abattues. Et alors, si nous le trouvons, il sera arrêté pour que César en personne décide de son sort.

Croyait-il ce qu’il disait ? Ignorait-il la vérité ? J’avais moi-même cru que Méto avait trahi César – lui qui s’était battu pour César en Gaule, qui avait transcrit les mémoires du grand homme et partagé sa tente. La vérité était bien plus complexe. La trahison de Méto était une invention de toutes pièces, une ruse destinée à inciter les adversaires de César à se fier à Méto et à le prendre dans leurs rangs. Mon fils n’avait pas trahi César : il était son espion.

J’avais espéré trouver César, car c’est lui-même qui avait élaboré ce stratagème, et je ne pouvais parler librement qu’avec lui. Dans quelle mesure Trébonius était-il au courant ? Si César ne l’avait pas informé, alors je ne pourrais jamais le convaincre de la vérité. Cela pouvait même se révéler dangereux.

Le ton peu amène et le regard dur du commandant ne laissaient supposer aucune ambiguïté. Mais peut-être travestissait-il la vérité parce qu’il s’imaginait que je n’étais pas au courant ? Jouions-nous à un jeu d’ombres étrusques, chacun connaissant la vérité mais hésitant à la révéler à son partenaire ?

Je tentai de le faire parler.

— Avant que Méto n’ait quitté Rome, je l’ai vu, je me suis entretenu avec lui. Malgré les apparences, je ne crois pas qu’il ait trahi César. J’en suis même convaincu. Toi qui les connais tous les deux, tu dois le savoir aussi, n’est-ce pas ?

Il secoua vivement la tête, et son visage s’assombrit.

— Écoute, Gordianus, ton fils a été mon ami. Sa défection a été comme un coup de poignard dans le dos de César, et dans le mien. Le coup a également frappé tous les hommes qui se sont battus avec César. Cependant, curieusement, je ne lui en veux pas. Nous vivons une époque terrible. Les familles s’entredéchirent : frère contre frère, mari contre femme, même fils contre père. C’est épouvantable. Méto a fait un choix – le mauvais –, mais pour autant que je sache, c’est une question d’honneur. Il est désormais mon ennemi, mais je ne le hais point. Quant à toi, je ne te blâme pas pour les agissements de ton fils. Tu es libre de t’en aller. Mais si tu es venu ici pour te mettre de son côté contre César, je me montrerai aussi impitoyable avec toi qu’avec n’importe quel traître. Je te ferai crucifier.

C’était tout ce que j’avais obtenu en tentant d’interroger Trébonius. S’il connaissait la vérité, il n’allait pas me mettre au courant.

Il arracha les derniers lambeaux de viande accrochés à l’os et poursuivit :

— Voilà ce que je te conseille, Gordianus : prends une bonne nuit de repos, puis retourne d’où tu viens. Si tu as des nouvelles de Méto, dis-lui que César lui tranchera la tête. Si tu n’en as pas, attends d’apprendre ce qui lui est arrivé. L’attente est pénible, je le sais, mais tu découvriras tôt ou tard quel sort est réservé à ton fils. Tu connais le proverbe étrusque : « Une fois que commence le chagrin, jamais il ne prend fin. » À quoi bon se lamenter à l’avance ?

Je m’éclaircis la voix :

— La veille de mon départ de Rome, j’ai reçu un message envoyé par quelqu’un qui se trouvait à Massilia : Méto aurait été tué. C’est pourquoi j’ai parcouru tout ce chemin : pour savoir si mon fils était vraiment mort.

— Qui t’a envoyé ce message ? s’enquit Trébonius.

— Il n’était pas signé.

— Comment t’est-il parvenu ?

— On l’a déposé sur le pas de la porte de ma maison du Palatin.

— L’as-tu apporté ?

— Oui.

Je fouillai dans la bourse accrochée à ma ceinture et en tirai un cylindre en bois. Avec mon petit doigt, je sortis un minuscule rouleau de parchemin. Trébonius s’en empara comme il aurait arraché une dépêche à un messager. Il lut le texte à haute voix :

 

— Gordianus, je t’envoie une triste nouvelle de Massilia. Ton fils est mort. Pardonne-moi d’être aussi direct. Je me hâte de t’écrire. Sache que Méto a péri au service de Rome en restant loyal à sa cause. C’était un jeune homme courageux et, bien qu’il n’ait pas succombé au combat, il est mort en héros, ici, à Massilia.

 

Trébonius me rendit le message.

— Tu ne peux pas être certain que ce pli soit venu de Massilia. Quelqu’un a pu monter une mauvaise farce.

— Peut-être. Mais il est possible qu’il ait été envoyé de Massilia.

— Tu veux dire qu’un navire massiliote aurait franchi le blocus ? En principe, c’est impossible.

— Et en réalité ?

— Des bateaux ont pu forcer le blocus, en particulier la nuit. Les Massiliotes sont des marins expérimentés, et quand le soleil est couché, les vents poussent vers le large. Les navires de César sont postés derrière les grandes îles non loin du port, mais un petit bateau aurait pu passer inaperçu. Et alors ? En supposant que le message soit venu de Massilia, pourquoi n’est-il pas signé si l’auteur dit la vérité ?

— Je ne sais pas. Depuis le jour où César a franchi le Rubicon, chacun s’affuble d’un masque. Intrigues et trahisons se succèdent.

— Si Méto est mort, l’auteur aurait dû t’envoyer une preuve concrète : sa bague de citoyen, par exemple.

— Méto a pu se noyer, son corps est peut-être introuvable. Peut-être est-il mort par…

En imagination, je me représentai des flammes et je blêmis à cette pensée.

— Ne crois-tu pas que j’ai ressassé toutes les hypothèses, Trébonius ? C’est la première chose à laquelle je pense à mon réveil, la dernière à laquelle je pense avant de m’endormir. Qui a envoyé ce message, et pourquoi ?

D’où vient-il ? Est-ce la vérité ? Qu’est-il advenu de mon fils ?

Je regardai fixement Trébonius, laissant la douleur crisper mes traits. Sans aucun doute, s’il savait Méto vivant ou mort, il m’en dirait assez pour apaiser la souffrance d’un père. Mais son expression sévère était aussi figée que celle d’une statue.

— Je comprends ton angoisse, dit-il. C’est une situation impossible, l’incertitude. Je te plains, mais je ne peux pas t’aider. Si Méto est vivant et à Massilia, il a lié sa destinée à celle de Domitius et a trahi César. Tu ne peux pas pénétrer dans la ville pour le voir, et si tu le pouvais, je ne t’en donnerais pas l’autorisation. Il te faudra attendre que les Massiliotes se rendent ou que nous abattions les murailles. Alors, si nous mettons la main sur ton fils… Veux-tu vraiment te trouver là quand cela arrivera, pour être témoin de son sort, celui d’un traître ?

« Si Méto est déjà mort, il n’existe toujours aucun moyen d’entrer dans Massilia et de découvrir comment cela est arrivé et qui a envoyé ce message. Écoute, je vais te faire cette promesse : quand nous entrerons dans la ville, si j’apprends quelque chose sur ton fils, je te le signalerai. S’il est capturé, je t’informerai du sort que César lui réserve. Je ne peux t’en promettre davantage. Voilà, ta tâche est accomplie, tu peux retourner à Rome en sachant que tu as tenté l’impossible. Je veillerai à ce que tu aies un endroit où dormir cette nuit. Tu partiras demain matin.

Ces dernières paroles ressemblaient à un ordre, on ne pouvait en douter.

— Mais à quoi est-ce que je pense ? s’exclama Trébonius en examinant l’os rongé qu’il tenait à la main. Tu dois mourir de faim, Gordianus. Va rejoindre ton gendre qui dîne avec les officiers. Le ragoût n’est pas aussi mauvais qu’il en a l’air.

Je quittai la tente et laissai mon odorat me guider. Mon ventre gargouillait, certes, mais je n’avais plus d’appétit.

Le rocher du sacrifice
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